L’hybridation végétale, doit-on s’en méfier ?
L’hybridation fait parfois peur. Mais, est-ce vraiment nécessaire de la craindre et est-ce vraiment possible d’éviter de consommer des végétaux hybrides ?
L’hybridation, une technique loin d’être moderne
Si on recule de quelques années, 16 000 pour être plus précis, soit au moment de la révolution néolithique1, on constate que dès ce moment l’homme a commencé une certaine forme d’hybridation. En sélectionnant certaines espèces et variétés de végétaux, il crée une proximité entre elles et facilite l’hybridation naturelle. C’est bien sûr plus tard que se pratiquera une hybridation un peu plus volontaire. Aussi, la sélection fait place aux débuts de l’évolution végétale influencée par l’humain.
Qu’est-ce que c’est ?
L’hybridation est simplement le croisement de deux variétés2 de la même espèce3 ou de deux espèces différentes. Plusieurs spécialistes croient que l’hybridation est l’essence même de la biodiversité. En créant de nouveaux spécimens, de nouvelles opportunités écologiques prennent aussi naissance.
Hybridation naturelle
Bien que les hommes aient stimulé involontairement l’hybridation depuis tant d’années, la nature la pratique par ses propres moyens depuis bien plus longtemps. C’est ce qu’on appelle la pollinisation ! Et oui, cette technique selon laquelle le pollen d’une fleur se dépose sur une autre fleur et ainsi la féconde. La pollinisation est faite entre autre par plusieurs insectes et oiseaux et par le vent.
La distance séparant les individus végétaux et leur apparence sont deux critères majeurs qui freinent par contre l’hybridation naturelle.
Hybridation artificielle
C’est plus tard, soit vers le 18e siècle, que l’homme a commencé à croiser des variétés et des espèces végétales. Vous l’aurez deviné, l’hybridation artificielle est faite avec les soins de la main humaine. Il s’agit d’une manipulation entre deux individus exigeant le transfert de pollen de l’un à l’autre.
L’Homme pratique l’hybridation pour différentes raisons. Pour créer de nouvelles variétés est la plus évidente. Mais, ce processus de fécondation croisée est aussi à l’intérêt de l’agriculteur qui peut ainsi bénéficier d’un hybride plus fort et plus résistant que ses parents.
Lorsqu’il y a hybridation entre deux espèces différentes, la plupart du temps il s’agit d’une manipulation humaine. Prenons l’exemple du colza, un croisement entre une variété de choux et une de navet.
Quelques mots sur l’évolution
Si aujourd’hui nous pouvons savourer une banane bien moelleuse ou une orange sans pépin, c’est bien grâce à l’action humaine. En effet, les espèces anciennes de végétaux sont bien différentes de ce que l’on a l’habitude de voir à l’épicerie ou même dans nos jardins. L’Homme, au fil du temps, a su sélectionné les variétés ou les individus qui lui plaisait le plus. Goût, texture, couleur et même culture ont été ‘’améliorés’’ au fil du temps. C’est pour cette raison que la fameuse tomate Heirloom a une allure et un goût si différents. C’est une variété ancestrale des plus savoureuse !
Différence entre hybridation et OGM4
La différence à première vue peut peut-être sembler inexistante, surtout dans le cas de l’hybridation artificielle. Après tout, elle exige une manipulation humaine. Mais les deux techniques ne pourraient être plus différentes !
Par définition, l’OGM est un organisme vivant ayant subi une modification génétique dans le but de lui offrir une nouvelle propriété. Un hybride, bien qu’il puisse être plus résistant, ne possède aucune qualité qui n’aurait pas appartenue à l’un ou l’autre de ses parents. Contrairement au processus de création d’un OGM qui nécessite l’emploi d’un agent mutagène5, l’hybridation, elle, ne requiert rien d’autre que deux parents fertiles.
Par exemple, une pomme de terre ayant la capacité de ne pas brunir est un OGM. On l’a douée de cette nouvelle qualité qui n’aurait pas due appartenir à sa variété ou son espèce.
Des hybrides dans mon assiette !
En combinant l’évolution des végétaux au fil des millénaires et l’hybridation, naturelle ou artificielle, soyez assuré que vous en consommez assez souvent ! Mais ce n’est pas négatif, bien au contraire. L’hybridation vous permet d’avoir une plus grande variété végétales dans votre alimentation. Et la variété c’est quoi si ce n’est la base de la santé naturelle.
Voici quelques exemples communs :
- La clémentine : l’hybride de l’orange et de la mandarine
- Le romanesco : l’hybride du brocoli et du chou fleur
- La pluot : l’hybride de la prune et de l’abricot
- Le tangelo : l’hybride du pomelo et de la mandarine
_____
1- La révolution néolithique a été la toute première révolution agricole. C’est le moment où les premières communautés de chasseurs-cueilleurs ont tranquillement basculés vers l’agriculture et la sédentarité. Cette révolution s’est faite, selon les régions, à différents moments. Ses débuts seraient vers 14 000 ans av. J.-C.
2- Une variété est le degré inférieur à l’espèce. Plusieurs variétés différentes appartiennent à une même espèce. Les variétés d’une même espèce sont différentes, mais partagent des similitudes.
3- Une espèce végétale est le degré inférieur à la famille. C’est l’ensemble des variétés apparentées. Par exemple, le citron, l’orange et le pamplemousse sont des variétés appartenant à l’espèce communément connue sous le nom d’agrume.
4- Organisme Génétiquement Modifié
5- Un agent mutagène a la capacité de produire une modification dans le génome de l’individu touché. Il se produit à ce moment des mutations dans l’organisme de cet individu.
2 commentaires
Merci pour votre lecture et commentaire ! Nous sommes heureux que vous ayez apprécié.
Note très instructive.